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" Exhibitions' Ruins / Emotional Landscapes" - "Tilfinningalandslag (rotnandi syning)"

« Exhibitions’ Ruins / Emotional Landscapes »
« Tilfinningalandslag (rotnandi sýning) »

With / Sýningin er unnin á grunni verka frá eftirfarandi listamönnum
Birgir Andrésson, Stefan Brüggemann, Nicolas Garait, Loris Gréaud, Elin Hansdottir, M/M (Paris) & Gabriela Fridriksdottir, Gustav Metzger, Jeremy Millar, Francois Morellet, Olivier Mosset, & Claude Rutault.

An exhibition by / Sýningarstjóri Mathieu Copeland.

At the SAFN Collection / Í Safni; samtímalistasafni, Reykjavik, 17/03/2007 – 12/05/2007
Opening reception, Saturday the 17th of March, 18.00 - 20.00 / Opnun: Laugardaginn 17. mars kl: 18:00 – 20:00

 

ok« A birds eye view of the bank of England », drawing by Joseph Michael Gandy, 1830, Courtesy of the Sir John Soane’s Museum

« Des Ruines d’Exposition / Paysages Emotionnels »

Quelques notes,

« Des Ruines d’Exposition / Paysages Emotionnels » est une exposition discursive sur la nature des expositions, ou plutôt sur les restes des expositions ; En somme une exposition nécrophage et cannibale – non seulement est-elle constituée de restes ou de fragments, mais elle s’en nourrit – ces restes devenant les bases de sa propre construction.

Les œuvres sont autant d’éléments autonomes qui elles-même s’articulent autour d’histoires passées, des moments d’expositions. Regroupés, ils forment une exposition constituée d’éléments qui lui sont propre, au sens littéral, c’est à dire qui sont son propre support.

Pour reprendre une analogie commune, à l’opposé de l’idée de fantôme, ici il ne s’agit que d’enveloppe, les restes d’un corps en décomposition. Ici l’exposition n’est que reste, l’exposition n’est qu’en reste. Une exposition qui devient comme l’ombre d’un corps, cette ombre faisant corps. A l’image d’une attente constante, la recréation temporaire de diverses expositions utilisant des bribes du passé sont autant d’éléments fondateurs d’une exposition à venir. Tout comme la décomposition est un processus actif, les œuvres qui la composent sont autant d’invitations à considérer les paysages qu’ils ont contribués, et contribuent, à former.

Des paysages émotionnels, ces œuvres sont des référents de paysages imaginaires (ou disparus). Ces environnements émotionnellement chargés renvoient à la création d’environnements abstraits, des paysages qui se dessinent lorsque ceux-ci nous sont présentés. Illusoires car personnels et mentaux, ces moments caractérisent la somme des réactions dont on fait l’expérience lorsque l’on est confronté au regroupement temporaire d’œuvres (l’exposition) – des œuvres qui constituent une exposition qui prend corps dans l’esprit de celui qui la voit. Chaque œuvre dessine une partie de l’environnement de l’exposition, et bien plus, offre un environnement en elle-même.

 

 

Galerie Texte

Stefan Brüggemann réalise son œuvre OFF (A 1969 DAN FAVIN UNTITLED SCULPTURE TURNED OFF) en débranchant un Dan Flavin. Discutant de la mémoire d’une œuvre d’art, cette pièce offre une contribution triste et émotionnel à l’exposition, ‘une sculpture éteinte étant une ruine complète’.


La série de photographies monochromes (« Not Yet Titled » 2006), et la grille de couleurs abstraites (The Weather Scales – Waves Height 24h), joue de l’abstraction de la couleur en insistant l’évidence d’être ce quelle sont (les photographies sont des couleurs sans film ou images, les grilles de couleurs des monochromes de tous les jours). Toues sont abstraite de l’exposition de fin d’étude de Nicolas Garait, des ruines retranscrite littéralement dans le cadre d’une exposition collective.


L’œuvre « Cimaise – Sculpture en 5 éléments » de 1993 d’Olivier Mosset est une sculpture de motifs, cinq structures monochromes ou ce qui est annoncé est ce qui est. Une œuvre minimal qui devient, du moins partiellement, de par son utilisation & son titre la structure physique de l’exposition.


François Morellet présente deux ½ œuvres (69 & En Levrette) « qui le temps d’une exposition ont le même sens (sinon la même valeur) que ces deux ½ œuvres restés à Cholet en France » à l’atelier de l’artiste, des restes d’œuvres « frivole & grossière tout en étant très très minimaliste, rigueur et absurdité toujours ensemble » extraite, du moins partiellement, de l’exposition ‘Géométrie dans les spasmes’ de 1986.


« Frequency of an Image » est une bande son enregistrée alors que l’artiste Loris Gréaud pensait à la préparation d’une exposition à venir, réalisant ainsi un electro-encéphalogramme à écouter « abstrait & noisy, assez linéaire, les variations étant peu perceptible, constant dans mes pensés ». Une exposition à entendre, pour s’imaginer ce quelle sera.


L’œuvre sonore de Jeremy Millar « Notes Towards Zugzwang (almost complete) » est abstraite d’un film réalisé pour une récente exposition personnelle. Nous faisant entendre bien plus que ce qu’il fallait voir, et de manière aléatoire toutes les citations et brèves écrites par Millar sur le voyage de Marcel Duchamp en Angleterre sont lu par l’artiste Pierre Huyghe, l’aléatoire nous rappelant le mode de travail propre à Duchamp (en références à l’accumulation des notes lors de la préparation de son grand verre). Cette bande sonore est quand à elle diffusée au travers de haut-parleurs réalisés par M/M (Paris) & Gabriella Fridriksdottir, présenté originalement lors de l’exposition de Gabriella Fridriksdottir à la biennale de Venise en 2005.


Elin Hansdottir en recréant son installation « Peripheral » rejoue une exposition originellement réalisée dans un ancien bureau de poste & télégraphe berlinois, et au travers de cette pièce met littéralement en lumière toute l’exposition.


Revenant à la Définition Méthode 307 écrite par Claude Rutault pour une exposition collective à Londres, les ruines sont ici l’assertion originale. Le point de départ de ce qui est sont les ruines originales. Une DM réalisée à réaliser de nouveau. Un moment d’une exposition ou une œuvre est la matière première de cette œuvre, une peinture de Birgir Andrésson (Colour Proofs #2), invitée par le curator. Celle ci devient alors sa propre ruine au sein de la ruine d’une œuvre réalisé dans le cadre d’une accumulation de ruines. Une œuvre entrant un moment de pause permanente, celle ci devenant la ruine d’elle-même (et paradoxalement revenant à son état original de toile monochrome, quasi-vierge), et par la rejouer les ruines d’une exposition passée, une œuvre transposé hors de son environnement original.


Gustav Metzger inclus au sein de l’exposition une rétrospective parlée de son œuvre (a spoken word retrospective). Ainsi est présenté, au travers de sa voix et par ces mots, l’ensemble de son œuvre jusqu’au moment présent. Générant une exposition mentale constitués de bribes d’éléments passés dans l’esprit de celui qui l’entend, ces bribes dissous dont la plus part n’existe plus (et n’ayant que brièvement existé) sont une accumulation de moment de temps, des œuvres ou l’histoire (les histoires) n’existe que par la voix, le mot parlé. Une rétrospective qui n’existe que le temps pris pour l’entendre au sein d’une exposition. Pour reprendre une phrase de Gustav Metzger, ‘l’art auto-déstructif finit avec rien, ici nous commençons avec rien’. Une rétrospective parlée (a spoken word retrospective) commence avec tout, ne produit rien de plus, seulement la totalité.